samedi 29 décembre 2012

Mon Très Joyeux Noël


Comme tous les matins je me suis réveillée avant mon alarme, petit déjeuner sur la terrasse, en contemplant ce lac dont la brume voile l’autre rive et le fait ressembler à la mer.
En arrivant à l’hôpital on voit un grand atroupement de personne : zut, il doit y avoir des blessés qui nous attendent… la journée va être longue… ah non ? c’est un décès… je me sens un peu en décalage avec mon grand plateau de biscuit et mon « Joyeux Noel » au coin des lèvres, mais une fois passé cette foule, le calme, la paix et la joie sont au rendez-vous dans le service.


Après le tour du service pour une visite médicale j’invite tout le personnel à un « thé et biscuits de Noël »… bien sur comme il n’y a pas d’électricité ce matin (mais quelle surprise !) se sera un « verre d’eau et biscuits de Noël ». Tout le monde est ravi, on prononce quelques discours de circonstances dans lesquels on se remercie mutuellement pour la collaboration qui s’installe et ou l’on se félicite de tout le travail qui nous attend. En 5 minutes il ne reste plus une miette. On prend des photos, on met de la musique et j’ai même droit à ma première danse avec un colègue congolais. On savour ces instants de paix et de tranquilité d’esprit en priant que cela dur le plus longtemps possible.


 Retour à 12h à la maison, on prend congé pour l’après-midi, le soleil est radieux (c’est exceptionnel, en général le ciel se voile en milieu de matinée en cette saison). Je me jette à l’eau avec quelques uns de mes collocataires et collègues, la température de l’eau est parfaite, j’ai une pensée pour vous en Suisse et pour le lac Léman dans lequel je ne tremperais pas l’orteil un 25 décembre.









Après une petite sieste c’est le moment de se mettre à la décoration de la table, nous sommes une quinzaine pour le souper de Noël, je suis contente d’avoir emmené des serviettes de circonstances pour donner le ton, ma collgue à trouver un baobab de table que l’on décors comme un sapin. 













Je pensais avoir un sacré coup de blues pour ce premier Noël loin de vous, mais tout le monde y a mis du sien pour participer et recréer en quelque sorte ici une « famille » ou chacun a sa place et son rôle et ce 25 décembre 2012 restera dans ma mémoire comme un très joyeux Noël.

dimanche 16 décembre 2012

Salle de pansement

Avant :-(



Après :-)




Moments forts de la semaine


Voici un petit apperçu rapide des évènements marquants de ma deuxième semaine à Goma, mélange d’émotion, découverte, satisfaction, école de vie.

Nettoyage et installation de la salle de pansement. Finalement déléguer le travail à des gens motivés, c’est fou comme ça fonctionne, après avoir donné les instructions, je pars dans d’autres obligations et une heure plus tard lorsque je reviens les choses sont faites ! Décidément le Congo ça me plait !

C. 17 ans, blessé par balle au niveau de l’abdomen il y a un mois. Cette semaine, premier sourir, premier repas, premiers pas après plus d’un mois d’allitement. Je peux voir l’étincelle de vie revenir peu à peu dans son regard.

Porter dans mes bras de l’ambulance à son lit un petit bout de chou de 4 ans amputé suite à l’explosion d’un obus sur sa maison en tuant et blessant plusieurs membres de sa famille. Sentir ses petits bras s’accrocher à mon cou et ressentir l’injustice de la guerre me submerger comme une vague.

Regarder Socrate, 4 ans, pousser le fauteuil roulant de son père qui est amputé d’une jambe. Retrouver plus tard cet homme en larme, tenant dans ses mains une photos de lui debout.

Prendre un nour de congé, dimanche, faire un petit tour en bateau, admirer les collines verdoyantes du Rwanda voisin, nager, manger tous ensemble dans cette « famille » que l’on recrer.

Avoir des fous rires avec mes collègues congolaises qui ont beaucoup d’humour. Rire : le remède au poids des drames que l’on cotoie au quotidien. Rire pour faire taire la peur de nouvelles violences et triompher la sérénité.

samedi 1 décembre 2012

L'attente


Question du jour : est-il aussi ennuyeux d’écrire et de lire un texte sur l’attente que l’attente en soit ? Mais au fait, l’attente est-elle vraiment ennuyeuse ?

Je devrais être une experte en la question, voilà 6 mois que j’attends (pardon, que j’attendais… je ne me suis pas encore faite à mon nouvel état) une nouvelle mission à l’étranger.
L’attente me paraît ennuyeuse… pourtant je ne me suis pas ennuyée durant ces 6 mois. Au contraire, j’ai passé une année 2012 incroyablement riche ! Tant d’amis côtoyés, de nouvelles rencontres, d’échanges familiaux, d’expériences nouvelles (comme les vendanges par exemple).
Il ne faut pas confondre « ennuyeux » lié au sentiment d’ennui et « ennuyeux » lié à une difficulté, un obstacle.

Je ne me suis donc pas ennuyée pendant ces 6 mois t’attente, mais cet état et le mode de vie qu’il demandait (vivre au jour le jour) a été un vrai défi. Mais les défis ça me connaît, et je suis heureuse de tout ce que j’ai pu vivre en Suisse ces 6 derniers mois, je suis également heureuse de repartir maintenant pour une nouvelle aventure, congolaise cette fois, et les nombreuses découvertes qui m’attendent.

Entre un départ avorté pour le Pakistan et une mission urgente au Congo, il y a 6 mois de bons souvenirs parmis vous !


Byby la Suisse !


Bienvenue à Goma !



mercredi 2 mai 2012

Repartir... mais pourquoi?

Céline, c'est dangereux ce que tu fais. T'es pas bien en Suisse? Pourquoi est-ce que tu veux partir au Pakistan?


"Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler. Ces droits, dont la Déclaration universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels. Si vous rencontrez quelqu'un qui n'en bénéficie pas, plaignez-le, aidez-le à les conquérir."
...
"C'est vrai, les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. Qui commande? qui décide? Il n'est pas toujours facile de distinguer entre tous les courants qui nous gouvernent. Nous n'avons plus affaire à une petite élite dont nous comprenons clairement les agissements. C'est un vaste monde, dont nous sentons bien qu'il est interdépendant. Nous vivons dans une interconnectivité comme jamais encore il n'en a existé. Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire "je n'y peux rien, je me débrouille". En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des composantes essentielles qui fait l'humain. Une des compostantes indispensables: la faculté d'indignation et l'engagement qui en est la conséquence."
...
"Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C'est par cette voie que l'humanité devra franchir sa prochaine étape."
...
"Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l'espoir. Il faut lui préférer l'ESPERANCE, l'espérance de la non-violence. C'est le chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l'oppression; c'est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste. C'est pourquoi il ne faut pas laisser s'accumuler trop de haine."


Extraits de INDIGNEZ VOUS! de Stéphane Hessel, éditions indigène, janvier 2011


Je m'indigne de la violence de la guerre, du déséquilibre économique mondial, des désastres écologiques. Je m'indigne que des êtres qui sont mes frères et mes soeurs meurent en silence dans l'indifférence du reste du monde, je m'engage a être solidaire de leur souffrance et je donne à ma présence à leur côté le sens suivant: on ne vous oublie pas!