Je me
demande bien ce que vous en pensez, vous, de ce dicton.
Vous mes
patients avec des noms comme « Lavie », « Chance »,
« Espoir ».
Dis-moi LAVIE,
incarnes-tu ton nom ?
CHANCE, à
part ton nom en as-tu trouvé beaucoup le long de ton chemin ?
Et toi
ESPOIR, toi qui a été l’espoir de tes parents pour qu’ils te donnent ce nom,
quels sont tes espoirs à toi ?
Vous,
jeunes combattants, je vous accueille depuis plusieurs semaines, je vous
« cueille » parfois en bien mauvais état. J’essaie de rassurer vos
regards inquiets par des gestes assurés et des soins les plus doux possibles.
J’essaie d’ouvrir des brèches dans votre carapace en vous saluant tout les
matin, en vous serrant la main et en vous regardant dans les yeux, en vous
souriant, et parfois lorsque vous m’en donnez l’occasion en vous taquinant.
J’essaie de
vous rappeller qu’il y a des règles à respecter dans toutes les sociétés, le
respect de soit en mangeant correctement et en se lavant ce que vous semblez
avoir oublié après plusieurs mois passés en fortêt. Le respect des autres
patients qui dans cet hôpital ne sont plus vos ennemis, mais des hommes
blessés, comme vous. Des pères, des frères, des fils, des humains. Comme vous.
Le respect du personnel soignant qui vous aide à lutter contre les infections,
qui vous aide vous battre contre la maladie et à gagner ce combat dans lequel
vous êtes pour une fois les seuls à y laisser des plumes.
Chaque fois
que je rencontre l’un de vous (espèces d’adolescents dont l’enfance n’a jamais
eu l’occasion de se terminer normalement et qui n’atteindra jamais l’âge adulte
puisque l’on vous a détourné de ce processus en vous bestialisant, en
déshumanisant votre âme) mon cœur se sert, mon cœur frémis. Je pense à vos
familles, à ce que vous avez subit, à ce que vous avez fait subir à tellement
d’autres. Je m’indigne de cet engrenage dans lequel vous êtes pris au piège et
dont il semble impossible de s’échapper.
Chaque
jour, je prie pour que lorsque je vous regarde, ce ne soit pas le combattant
errant, fou, violent, violeur, pillard que je vois, mais simplement mon frère,
blessé, vulnérable, à qui je rend son humanité, sa normalité.
Et mon ESPOIR
pour LAVIE à votre sortie de l’hôpital, c’est que vous ayez tous droit à une
deuxième CHANCE.
Je vous
garde dans mon cœur.
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