Il y a des
jours, comme ça, où sans crier gare, un événement qui pourrait être anodin à un
autre moment de votre vie ou pour quelqu’un d’autre, à sur vous l’effet d’une
bombe et fait exploser votre cœur.
C’est ce qui s’est passé ce jour-là, le jour
ou mon attention a été attirée dans la tente d’hospitalisation des enfants par
des bruits anormaux et ou j’ai trouvé ce petit garçon de 7 ans en train de
regarder sur un téléphone portable les scènes de combats d’il y a un mois. Si
certaines images ne devraient pas être vue par une infirmière suisse, je ne
pense pas qu’elles le devraient d’avantage par un petit congolais de 7 ans.
Choc.
Incompréhension.
Puis, cette
colère qui ne me quitte plus depuis une semaine.
Colère
contre cette mère qui laisse son enfant regarder ça.
Colère contre la guerre.
Colère contre les hommes qui font la guerre.
Colère contre la durée de cette guerre qui fait que certaines générations n’ont
connues que ça et ne savent vivre que comme ça.
Colère contre ce qui est devenu la norme et qui est insupportable.
Colère contre ceux qui de près mais surtout contre ceux qui loin alimentent cette
guerre et en profitent.
La guerre
est abstraite, loin, sur le terrain.
La guerre
existe, je le SAIS.
La guerre a
des conséquences, des victimes que je soigne chaque jour.
La guerre
existe, je le VOIS.
La guerre
éclate dans mon cœur, explose, me déchire, me torture, me confronte : je
ne soigne pas que des victimes, mes patients sont en grande partie les auteurs
de ces atrocités.
La guerre
existe, je la VIS.
Il y a des
jours, comme ça, où un événement qui pourrait être anodin vous brise, vous met
à terre, vous jette dans une impasse pour vous confronter à vous-même, à vos
limites, à votre humanité, à vos fragilités, à votre grandeur d’âme qui semble
soudain bien petite.
Et puis il
y a cette Paix.
Cette Paix qui descend sur vous légère comme la caresse d’une plume pour appaiser la colère.
Il y a
cette Paix qui chuchote à mon oreille que tout cela ne peut pas être mon
fardeau.
Cette Paix qui me tend la main et me demande de continuer de travailler pour elle.
Il y a des
jours, comme ça, où on est plus tout à fait la même personne qu’avant. Plus humble, ébranlée. Mais grandie.
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